>> Pour une place au soleil, extraits

XXII . EXT . JOUR . ROUTES

(Scène 27) Tout d´un coup changement radical de décor,

nous nous retrouvons sur une route déserte en face de trois voitures, entourées de grandes prairies, de champs, d´arbres, d´une campagne verdoyante sous un soleil de plomb, faisant reluire la magnifique carrosserie noire de ces " Mercedes " roulant à une allure moyenne. Elles finissent par arriver à un croisement. (Scène 28)

Ces images nous parviennent d´un buisson faisant l´angle du carrefour où, regardant passer ces autos, semble s´être caché « le Gros" avec ses fusils de chasse. (Scène 29)

Elles empruntent ensuite un chemin sinueux, étroit, à l´asphalte sale, cabossé, chaotique, entouré de fossé sans trottoir et d´arbres se reflétant sur ces belles voitures.

XXIII . EXT . JOUR . ARRIERE COUR DE LA MAISON

(Scène 30) Elles s´arrêtent enfin devant une maison complètement isolée. Puis elles font demi-tour pour se mettre près à partir

XXIV . INT . JOUR . HANGARD

(Scène 31) Et nous voilà tout à coup projeté dans une pièce noire, sans éclairage, accompagné du " Samaritain ", qui alerté par le bruit du moteur de plusieurs véhicules se retourne. Malgré la pénombre, on peut lire de la peur, de l´angoisse sur son visage. Il ravale difficilement sa salive. Il ré-appuie ses coudes sur ses genoux. Tenant sa mitrailleuse dans les mains, il attend.

XXV . EXT . JOUR . ARRIERE COUR DE LA MAISON

(Scène 32) De retour avec le cortège d´allemandes, on peut voir quatre hommes sortir de chaque automobile se trouvant aux extrémités de ce cortège, tous habillés d´un costard cravate, d´un grand imper, de différentes couleurs sombres. Ils se placent tous du côté droit des « Mercedes ", regardant de droite à gauche.

(Scène 33) Mais on les distingue mal, car l´image porte toute notre attention sur la voiture du centre, dont personne n´est encore sorti et plus particulièrement, sur la porte arrière droite qui finit par s´ouvrir, laissant place à une paire de chaussure noire très élégante d´un homme que l´on ne peut distinguer, comme ses compères d´ailleurs que l´on entend sortir sans pour autant les voir.

(Scène 34) Tout d´un coup plus aucun bruit, plus personnes ne bougent, on peut entendre le chant continuel presque agaçant des oiseaux comme lors de toute belle journée d´été, le vent s´engouffrer dans les arbres, quand une nouvelle paire de chaussure noire sort lentement de la voiture, toujours par la porte arrière droite. Mais cette fois-ci elle est fermée. C´est le dernier sorti. L´image monte alors doucement le long de ce corps maigre, habillé donc d´un costume noir foncé et d´un grand imper marron clair. A hauteur de son visage apparaît un homme vieux, fatigué, avec ses cheveux blancs et les rides très prononcées d´une personne d´au moins une soixantaine d´années.

Il a de tout petits yeux colériques, sombres, entourés de grandes poches noires, qui scrutent l´horizon. Puis son regard se porte sur sa droite quelques secondes, puis sur sa gauche. ( Scène 35) Et soudain comme dans un ballet, dans une sorte de chorégraphie plus ou moins bien ordonnée, chaque moitié d´hommes qui l´entourent se mettent alors en marche et entrent dans l´arrière-cour encerclée de hangar d´une maison, qui s´avère être celle de nos trois jeunes fêtards, en y longeant ses pourtours, en évitant le centre avec précaution, l´arme à la main, regardant tout autour d´eux comme pour une partie de cache-cache entre adulte.

Maintenant qu´ils entourent cet endroit, tous en file indienne espacés de deux ou trois mètres, ils s´immobilisent regardant toujours de droite à gauche, près à intervenir, à tuer en cas d´un quelconque problème. (Scène 36) C´est à partir de cette situation que le " Vieux ", à son tour, fait son entrée suivi de près par deux de ses acolytes, en plein milieu de la place.

(Scène 37) Puis le cercle que forme ce qui semblent être ses hommes de main, se resserre progressivement, avec ce même comportement protecteur, derrière le trio de tête, pendant que deux d´entre eux, se trouvant le plus près de l´avant de la maison, se dirigent justement vers son entrée.

XXVI . EXT . JOUR . JARDIN

(Scène 38) Ils passent le petit portail de jardin et commencent, avec beaucoup de précaution, l´arme toujours au poing, montée à hauteur du visage et surtout les yeux fixés sur la porte-d´entrée étant comme à son habitude ouverte, à emprunter le chemin de pierre collé à la maison.

XXVII . INT . JOUR/MAISON . CUISINE

(Scène 39) Arrivés au seuil de la cuisine, ils voient " l´Homme aux bottes de cow-boy " assis les mains aux niveaux des genoux face à un attaché-case noir se trouvant sur la table. Il ne les regarde même pas entrer, gesticulant les yeux, la tête dans tous les sens probablement à la recherche d´un quelconque complice. L´un se dirige ensuite vers la porte intérieure droite donnant sur la salle à manger, où c´est justement déroulé la petite fête avec Félicia et l´autre vers celle de gauche, donnant donc sur un couloir assez sombre. (Scène 40) N´ayant vu personne des deux côtés ils se regardent longuement, quand le " Vieux " à nouveau fait son apparition toujours accompagné de deux de ses acolytes. Cette fois le " Boss " dédaigne le regarder. Il en fait autant. Puis le " Vieux " détourne les yeux vers ses hommes se trouvant à l´intérieur, qui rangent alors leurs armes, sûrement un signal pour dire que tout va bien. (Scène 41) Il rentre alors dans la pièce, toujours méfiant, laissant ses deux autres gardes du corps à l´extérieur qui s´écartent un peu pour fumer une clope, comme le font d´ailleurs tout le reste de ses hommes regroupés en réserve derrière la maison en cas de besoin.

(Scène 42) Le " Vieux ", en faisant le tour de la table, regarde quelques temps les photos exposées, notamment et surtout sur le buffet, de la famille occupant probablement, normalement la maison. Puis arrivé en face de son jeune interlocuteur il s´arrête. Ses deux acolytes se rapprochent ensuite pour l´encadrer. De nouveau, les mains dans les poches de son imper, le " Vieux " se remet à fixer longuement " l´Homme aux bottes de cow-boy ".

Scénario : Jean François Guillou
Storyboard : Ronald Bousseau